Quand la mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l'écouter
Résumé :
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la
Mort. Et, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa
curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette
fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est
arrêtée.
Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie
qui lui a valu cet intérêt ? Ou sa force extraordinaire face
aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui
qui l'a aidée à survivre et a même inspiré à la Mort ce joli
surnom : la Voleuse de livres...
« Best-seller
international, cette fable singulière envoûte par son audace et son
originalité. » Laurent Fialaix - Questions de
Femmes.
« Ironique et paradoxal, La Voleuse de livres
appartient à ce genre hybride d'ouvrages destinés à la fois aux
adolescents et aux adultes. » Johanna Luyssen – Le Monde des
Livres.
Cet ouvrage a reçu le prix Millepages
Jeunesse.
Auteur : Markus Zusak
Nombre de pages : 632
La
Voleuse de livres me faisait envie depuis un moment et dès le début,
je n'ai pas regretté de me plonger dans cette dure et horrible
époque qu'est l'Allemagne nazie.
Ce roman dégage quelque chose
de très spécial. Quelque chose de magnifique. Très beau et très
dure à la fois. Le narrateur n'est pas n'importe qui. Ce n'est pas
Liesel, la personnage principale, non. C'est la Mort en personne qui
nous conte tout ça. Et c'est merveilleux...
Liesel Meminger,
accompagnée par sa mère et son frère, fait le voyage pour Molching
(près de Munich) afin de s'installer dans sa famille nourricière.
Son frère meurt sur le trajet et lors de son enterrement Liesel vole
un livre :
Le manuel du Fossoyeur. Tout
commence à partir de là...
Hans et Rosa Hubermann sont ses
parents nourriciers, ils lui donnent de l'affection et de l'amour,
même si Liesel ne mange pas toujours bon et à sa faim. Elle est
très proche de son Papa ( Hans ) qui l'aide à apprendre la lecture.
Son meilleur ami s'appelle Rudy Steiner, l'idéal aryen :
cheveux blonds (citron même) et yeux bleus ! Rudy, je l'aime
beaucoup. J'ai plutôt du mal à décrire ce personnage... Il est
amoureux de Liesel et lui demande souvent de l'embrasser, je vous
laisse le plaisir de découvrir ce qu'elle répond ou sa
réaction !
Rudy, petit, en regardant les Jeux Olympiques,
avait été fasciné par Jesse Owens, qui avait gagné la
course/athlétisme ! Hitler avait refusé de le féliciter et de
lui remettre sa médaille. Rudy, lui, admirait énormément l'athlète
noir et s'était coloré le corps en noir avec du charbon pour aller
courir et s'entraîner, son père, Alex Steiner lui explique :
« En
regagnant la rue Himmel, Alex dit à Rudy : « Fiston, tu
ne peux pas te balader barbouillé de noir, tu m'entends ? »
Rudy
écoutait, sans bien saisir le sens des paroles de son père. La lune
était maintenant détachée, libre d'évoluer dans le ciel, de
monter, de descendre et de laisser couler un filet lumineux sur son
visage, ce qui le laissait un peu dans le vague, comme ses
idées.
« Pourquoi non, Papa ?
- Parce qu'on
t'emmènera.
- Pourquoi ?
- Parce que tu ne dois pas
vouloir être comme les Noirs, les Juifs ou les gens qui...ne sont
pas nous.
- C'est qui, les Juifs ?
- Tu connais mon
plus vieux client, M.Kaufmann, chez qui on achète tes chaussures?
-
Oui.
- Il est juif.
- Je ne savais pas. Il faut payer pour être
juif ? Il faut une autorisation ?
- Non, Rudy. »
M. Steiner guidait le vélo d'une main et son fils de l'autre, et il
avait du mal à mener en même temps une conversation. Il avait
d'ailleurs oublié qu'il tenait toujours Rudy par l'oreille. « C'est
comme quand on est allemand, ou catholique, poursuivit-il.
- Ah !
Est-ce que Jesse Owens est catholique ?
- Je n'en sais rien,
voyons ! » M.Steiner se prit le pied dans une pédale. Du
coup, il lâcha Rudy.
Ils avancèrent quelques minutes en silence,
puis Rudy déclara : « J'aimerais ressembler à Jesse
Owens, Papa. »
Cette fois, son père lui posa une main sur
la tête. « Je sais, fiston, mais tu as de beaux cheveux blonds
et de grands yeux bleus, de la bonne couleur. Tu n'as pas à t'en
plaindre, c'est clair ? »
Mais rien n'était
clair.
Rudy ne comprenait rien et cette nuit-là fut le prélude
d'événements futurs. Deux ans et demi plus tard, la vitrine du
magasin de chaussures Kaufmann vola en éclats et toutes les
chaussures furent jetées dans un camion avec leurs boîtes. »
« Lui,
c'était ce fou qui s'était barbouillé de noir et avait vincu le
monde entier.
Elle, la voleuse de livres dépourvue de mots.
Mais
croyez-moi, les mots allaient venir et, lorsqu'ils arriveraient,
Liesel les prendrait dans sa main, comme les nuages, et elle en
exprimerait la substance, comme la pluie. »
Max.
Max, c'est le Juif que cachent Hans et Rosa Hubermann. Max ? Il
est génial. Très très attachant, comme Rudy. Il a beaucoup de
points communs avec Liesel, par exemple il fait lui aussi des
cauchemars. Sa vie est loin d'être amusante...
Ce
roman était vraiment très beau et très... touchant ?
Marquant ? Réaliste ? Dans tous les cas, on vit avec les
personnages dans l'Allemagne nazie et on réalise, on comprend mieux
ce qui s'est passé, ce qui se déroulait dans les rues allemandes,
les actions du parti nazi. Beaucoup de points sont éclairés...
Ce
moment, où Liesel entre dans la bibliothèque de la femme du maire,
était très beau. L'émerveillement de Liesel nous fait réaliser, à
nous qui pouvons voir, toucher et lire des livres tout les jours, que
cela n'a pas toujours été ainsi...
« Petit à
petit, la pièce rétrécit, jusqu'à ce que la voleuse de livres
puisse atteindre les livres et quelques pas. Elle passa le dos de la
main le long de la première étagère, écoutant le frottement de
ses ongles contre la moelle épinière de chaque volume. On aurait
cru le son d'un instrument de musique ou le rythme saccadé d'une
fuite. Elle utilisa ensuite les deux mains et fit la course entre les
rangées. Et elle rit à gorge déployée, d'un rire haut perché.
Quand elle s'arrêta, un peu plus tard, elle recula et resta
plusieurs minutes au milieu de la pièce, le regard allant des
étagères à ses doigts et de ses doigts aux étagères.
Combien
de livres avait-elle touchés ?
Combien en avait-elle
palpés ?
Elle
recommença alors, plus lentement, cette fois, la paume des mains
tournée vers les livres pour mieux sentir le dos de chacun. C'était
un toucher magique, de la beauté pure, tandis que les rais de
lumière brillante tombaient d'un lustre. A plusieurs reprises, elle
faillit prendre un volume, mais elle n'osa pas déranger le parfait
ordonnancement des étagères. »
Les
citations qui suivent ( je mets beaucoup de citations pour ce roman,
j'en suis consciente, et j'ai du sélectionner pour ne pas spoiler,
mais je pense qu'elles sont importantes pour vous donner envie de le
lire, il est magnifique alors n'hésitez plus ) sont centrées sur la
guerre :
« Quand un Juif débarque chez
vous au petit matin, dans le berceau du nazisme, on peut
raisonnablement s'attendre à devoir affronter des niveaux élevés
de malaise. L'angoisse, l'incrédulité, la paranoïa. Chacune ayant
ses propres effets et chacune conduisant à se dire que les
conséquences n'auront rien d'un lit de roses. La peur est quelque
chose qui irradie. On la voit de manière impitoyable. »
« A
Molching, Allemagne, deux personnes parlaient sous terre. Cela
ressemblait au début d'une blague :
« C'est l'histoire
d'un Juif et d'une Allemande qui sont dans un sous-sol... »
Mais
cela n'avait rien d'une blague. »
« C'était le 5
janvier 1943, une journée glaciale comme une autre sur le front
russe. Partout dans la ville, des Russes et des Allemands gisaient
dans la neige, morts. Les survivants tiraient sur les pages blanches
qui leur faisaient face. Trois langues s'entremêlaient. Le russe,
les balles, l'allemand. »
Ici,
Hans Hubermann, le père nourricier de Liesel, a reçu l'ordre de
partir à la guerre : SPOIL il a aidé un Juif en public FIN
DU SPOIL
« Elle se demanda combien de
lettres similaires avaient été envoyées aux Hans Hubermann et aux
Alex Steiner d'Allemagne, des hommes qui aidaient les êtres sans
défense ou refusaient de laisser partir leurs enfants.
C'était
le signe du désespoir qui gagnait l'armée allemande.
Le pays
était en train de perdre la guerre sur le front russe.
Les villes
étaient bombardées.
On avait besoin de plus en plus de gens et
tous les moyens étaient bons pour les recruter. Et dans la plupart
des cas, les moins bien considérés se retrouveraient aux postes les
pires. »
« Elle lève les yeux. Elle chuchote.
« Le ciel est plein de douceur aujourd'hui, Max. Les nuages
sont tout doux et tout tristes, et... » Elle détourne le
regard et croise les bras. Elle pense à son papa qui va aller à la
guerre et elle resserre sur elle les pans de sa veste. « Et il
fait froid, Max, il fait si froid... » »
A
la fin du livre, j'étais en larmes, tremblante, haletante, secouée
de sanglots. La fin est affreuse. Mais l'écriture de Markus Zusak
est tellement belle...
Avant dernière citation du livre, qui
même si elle est tirée de la fin, ne vous dévoile rien :
« Elle ne lui dit pas adieu. Elle en était
incapable. Au bout de quelques minutes, elle parvint enfin à
s'arracher à lui. Je m'étonnerai toujours de ce dont les humains
sont capables, même quand les larmes les aveugles et qu'en titubant
et en toussant ils continuent à avancer, à chercher, et à
trouver. »
La
voleuse de livres est un roman magnifique sur la guerre. Très dure,
c'est la énième fois que je le dis, mais il est très beau malgré
l'horreur des événements ! Ce livre m'a marqué, je le place
dans cette catégorie.
Pour conclure, je termine cette
chronique sur ces mots, les derniers du roman ( n'oubliez pas que
c'est La Mort en personne qui parle ) :
« Je
suis hantée par les humains. »
♥