mercredi 16 avril 2014

La voleuse de livres, Markus Zusak



Quand la mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l'écouter



Résumé : Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée.
Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt ? Ou sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre et a même inspiré à la Mort ce joli surnom : la Voleuse de livres...

« Best-seller international, cette fable singulière envoûte par son audace et son originalité. » Laurent Fialaix - Questions de Femmes.

« Ironique et paradoxal, La Voleuse de livres appartient à ce genre hybride d'ouvrages destinés à la fois aux adolescents et aux adultes. » Johanna Luyssen – Le Monde des Livres.

Cet ouvrage a reçu le prix Millepages Jeunesse.

Auteur : Markus Zusak
Nombre de pages : 632



La Voleuse de livres me faisait envie depuis un moment et dès le début, je n'ai pas regretté de me plonger dans cette dure et horrible époque qu'est l'Allemagne nazie.
Ce roman dégage quelque chose de très spécial. Quelque chose de magnifique. Très beau et très dure à la fois. Le narrateur n'est pas n'importe qui. Ce n'est pas Liesel, la personnage principale, non. C'est la Mort en personne qui nous conte tout ça. Et c'est merveilleux...

Liesel Meminger, accompagnée par sa mère et son frère, fait le voyage pour Molching (près de Munich) afin de s'installer dans sa famille nourricière. Son frère meurt sur le trajet et lors de son enterrement Liesel vole un livre : Le manuel du Fossoyeur. Tout commence à partir de là...

Hans et Rosa Hubermann sont ses parents nourriciers, ils lui donnent de l'affection et de l'amour, même si Liesel ne mange pas toujours bon et à sa faim. Elle est très proche de son Papa ( Hans ) qui l'aide à apprendre la lecture.

Son meilleur ami s'appelle Rudy Steiner, l'idéal aryen : cheveux blonds (citron même) et yeux bleus ! Rudy, je l'aime beaucoup. J'ai plutôt du mal à décrire ce personnage... Il est amoureux de Liesel et lui demande souvent de l'embrasser, je vous laisse le plaisir de découvrir ce qu'elle répond ou sa réaction !
Rudy, petit, en regardant les Jeux Olympiques, avait été fasciné par Jesse Owens, qui avait gagné la course/athlétisme ! Hitler avait refusé de le féliciter et de lui remettre sa médaille. Rudy, lui, admirait énormément l'athlète noir et s'était coloré le corps en noir avec du charbon pour aller courir et s'entraîner, son père, Alex Steiner lui explique :


« En regagnant la rue Himmel, Alex dit à Rudy : « Fiston, tu ne peux pas te balader barbouillé de noir, tu m'entends ? »

Rudy écoutait, sans bien saisir le sens des paroles de son père. La lune était maintenant détachée, libre d'évoluer dans le ciel, de monter, de descendre et de laisser couler un filet lumineux sur son visage, ce qui le laissait un peu dans le vague, comme ses idées.
« Pourquoi non, Papa ?
- Parce qu'on t'emmènera.
- Pourquoi ?
- Parce que tu ne dois pas vouloir être comme les Noirs, les Juifs ou les gens qui...ne sont pas nous.
- C'est qui, les Juifs ?


- Tu connais mon plus vieux client, M.Kaufmann, chez qui on achète tes chaussures?

- Oui.
- Il est juif.
- Je ne savais pas. Il faut payer pour être juif ? Il faut une autorisation ?
- Non, Rudy. » M. Steiner guidait le vélo d'une main et son fils de l'autre, et il avait du mal à mener en même temps une conversation. Il avait d'ailleurs oublié qu'il tenait toujours Rudy par l'oreille. « C'est comme quand on est allemand, ou catholique, poursuivit-il.
- Ah ! Est-ce que Jesse Owens est catholique ?
- Je n'en sais rien, voyons ! » M.Steiner se prit le pied dans une pédale. Du coup, il lâcha Rudy.
Ils avancèrent quelques minutes en silence, puis Rudy déclara : « J'aimerais ressembler à Jesse Owens, Papa. »
Cette fois, son père lui posa une main sur la tête. « Je sais, fiston, mais tu as de beaux cheveux blonds et de grands yeux bleus, de la bonne couleur. Tu n'as pas à t'en plaindre, c'est clair ? »
Mais rien n'était clair.
Rudy ne comprenait rien et cette nuit-là fut le prélude d'événements futurs. Deux ans et demi plus tard, la vitrine du magasin de chaussures Kaufmann vola en éclats et toutes les chaussures furent jetées dans un camion avec leurs boîtes. »


« Lui, c'était ce fou qui s'était barbouillé de noir et avait vincu le monde entier.
Elle, la voleuse de livres dépourvue de mots.
Mais croyez-moi, les mots allaient venir et, lorsqu'ils arriveraient, Liesel les prendrait dans sa main, comme les nuages, et elle en exprimerait la substance, comme la pluie. »


Max. Max, c'est le Juif que cachent Hans et Rosa Hubermann. Max ? Il est génial. Très très attachant, comme Rudy. Il a beaucoup de points communs avec Liesel, par exemple il fait lui aussi des cauchemars. Sa vie est loin d'être amusante...
Ce roman était vraiment très beau et très... touchant ? Marquant ? Réaliste ? Dans tous les cas, on vit avec les personnages dans l'Allemagne nazie et on réalise, on comprend mieux ce qui s'est passé, ce qui se déroulait dans les rues allemandes, les actions du parti nazi. Beaucoup de points sont éclairés...

Ce moment, où Liesel entre dans la bibliothèque de la femme du maire, était très beau. L'émerveillement de Liesel nous fait réaliser, à nous qui pouvons voir, toucher et lire des livres tout les jours, que cela n'a pas toujours été ainsi...
« Petit à petit, la pièce rétrécit, jusqu'à ce que la voleuse de livres puisse atteindre les livres et quelques pas. Elle passa le dos de la main le long de la première étagère, écoutant le frottement de ses ongles contre la moelle épinière de chaque volume. On aurait cru le son d'un instrument de musique ou le rythme saccadé d'une fuite. Elle utilisa ensuite les deux mains et fit la course entre les rangées. Et elle rit à gorge déployée, d'un rire haut perché. Quand elle s'arrêta, un peu plus tard, elle recula et resta plusieurs minutes au milieu de la pièce, le regard allant des étagères à ses doigts et de ses doigts aux étagères.
Combien de livres avait-elle touchés ?
Combien en avait-elle palpés ?

Elle recommença alors, plus lentement, cette fois, la paume des mains tournée vers les livres pour mieux sentir le dos de chacun. C'était un toucher magique, de la beauté pure, tandis que les rais de lumière brillante tombaient d'un lustre. A plusieurs reprises, elle faillit prendre un volume, mais elle n'osa pas déranger le parfait ordonnancement des étagères. »


Les citations qui suivent ( je mets beaucoup de citations pour ce roman, j'en suis consciente, et j'ai du sélectionner pour ne pas spoiler, mais je pense qu'elles sont importantes pour vous donner envie de le lire, il est magnifique alors n'hésitez plus ) sont centrées sur la guerre :

« Quand un Juif débarque chez vous au petit matin, dans le berceau du nazisme, on peut raisonnablement s'attendre à devoir affronter des niveaux élevés de malaise. L'angoisse, l'incrédulité, la paranoïa. Chacune ayant ses propres effets et chacune conduisant à se dire que les conséquences n'auront rien d'un lit de roses. La peur est quelque chose qui irradie. On la voit de manière impitoyable. »


« A Molching, Allemagne, deux personnes parlaient sous terre. Cela ressemblait au début d'une blague :
« C'est l'histoire d'un Juif et d'une Allemande qui sont dans un sous-sol... »
Mais cela n'avait rien d'une blague. »

« C'était le 5 janvier 1943, une journée glaciale comme une autre sur le front russe. Partout dans la ville, des Russes et des Allemands gisaient dans la neige, morts. Les survivants tiraient sur les pages blanches qui leur faisaient face. Trois langues s'entremêlaient. Le russe, les balles, l'allemand. »


Ici, Hans Hubermann, le père nourricier de Liesel, a reçu l'ordre de partir à la guerre :
SPOIL il a aidé un Juif en public FIN DU SPOIL

« Elle se demanda combien de lettres similaires avaient été envoyées aux Hans Hubermann et aux Alex Steiner d'Allemagne, des hommes qui aidaient les êtres sans défense ou refusaient de laisser partir leurs enfants.
C'était le signe du désespoir qui gagnait l'armée allemande.
Le pays était en train de perdre la guerre sur le front russe.
Les villes étaient bombardées.
On avait besoin de plus en plus de gens et tous les moyens étaient bons pour les recruter. Et dans la plupart des cas, les moins bien considérés se retrouveraient aux postes les pires. »


« Elle lève les yeux. Elle chuchote. « Le ciel est plein de douceur aujourd'hui, Max. Les nuages sont tout doux et tout tristes, et... » Elle détourne le regard et croise les bras. Elle pense à son papa qui va aller à la guerre et elle resserre sur elle les pans de sa veste. « Et il fait froid, Max, il fait si froid... »  »
A la fin du livre, j'étais en larmes, tremblante, haletante, secouée de sanglots. La fin est affreuse. Mais l'écriture de Markus Zusak est tellement belle...


Avant dernière citation du livre, qui même si elle est tirée de la fin, ne vous dévoile rien : 

« Elle ne lui dit pas adieu. Elle en était incapable. Au bout de quelques minutes, elle parvint enfin à s'arracher à lui. Je m'étonnerai toujours de ce dont les humains sont capables, même quand les larmes les aveugles et qu'en titubant et en toussant ils continuent à avancer, à chercher, et à trouver. »


La voleuse de livres est un roman magnifique sur la guerre. Très dure, c'est la énième fois que je le dis, mais il est très beau malgré l'horreur des événements ! Ce livre m'a marqué, je le place dans cette catégorie.

Pour conclure, je termine cette chronique sur ces mots, les derniers du roman ( n'oubliez pas que c'est La Mort en personne qui parle )  :

« Je suis hantée par les humains. »

2 commentaires:

  1. Tu l'as dit : ce livre est MAGIQUE ♥ Pourtant, il est assez simple et ce ne sont pas les histoires sur la deuxième guerre mondiale qui manquent, mais il est raconté d'une façon tellement spéciale !! Bref, j'ai également terminé le roman en petite boule secouée de larmes :P

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    1. Je comprends tout à fait ce que tu veux dire ! Le sujet est tellement bien traité, l'écriture... WAOUH. Magique, oui ♥

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